"Oscar PIFTEAU facteur rural (Roman Anecdotique)" par Auguste COYNAULT - publié aux Floralies de L'Ouest à Niort (79) en 1948- 288 pages - Prix environ 10 Euros sur internet
RESUME
CHAPITRE 1 –
Oscar PIFTEAU est en Mars 190... valet de ferme chez les LAPIQUE à
Bois-Joly, Il reçoit enfin après huit ans d'attente et de promesses
sa nomination au poste de facteur rural à Clairval (situé de
l'autre coté du Pelbois dans la direction de Clinville). Ce poste il
le doit à la recommandation auprès du Préfet du Conseiller Général
tendance « Républicain » (les anciens, les vrais) Mr
BERTELIN qui lui avait promis à sa sortie du service militaire où
il finit caporal. En attendant il avait vu passer sous son nez toutes
les belles du pays qu'il aurait pu épouser. Mais épouse t-on un
valet de ferme ?
Il a en partie
à charge ses vieux parents qui sont quand même propriétaires d'un
petit bien à La Malvinière.
Chapitre 2 –
Le bureau de Clairval est géré par Mlle Berthe JUVENAL Receveuse.
Elle est proche de la soixantaine, grande, mince,collet monté, jupe
traînante. Elle a le teint bilieux et porte des lunettes. Elle a
reçu une bonne éducation et admire les grands romantiques du siècle
précédent mais dédaigne les naturalistes contemporains et la
poésie décadente des symbolistes...
Elle est
assistée de Mlle Madeleine Bluette qui est dans tout
l'épanouissement de ses vingt-trois printemps. Celle-ci est petite
mais solidement plantée, grassouillette, joufflue, teint frais et
rosé, profil corinthien, lèvres sensuelles prêtes à sourire, de
grands yeux clairs qui affectaient la candeur de l'innocence, mais
qui étaient gourmands de voir et ne se fermaient jamais sur ce qui
de présentait à leur portée, sans l'avoir fouillé, scruté d'un
seul coup jusque dans ses moindres détails; portait volontiers un
corsage décolleté mettant en valeur le galbe de sa gorge, et une
jupe assez courte pour laisser voir des chevilles bien moulées. Elle
tient son emploi depuis deux ans et est originaire de Castelbar la
deuxième ville du département. Elle avait perdu son père étant
toute petite et avait eu une jeunesse assez tourmentée.
Avec son brevet
élémentaire obtenu à seize ans elle avait obtenu cet emploi
d'Aide et avait échoué au concours de Dame-Employée, mais mille
places pour huit-mille candidates … Dans son emploi elle tenait la
caisse du guichet, servait les clients, s'occupait du télégraphe,
du téléphone, des recouvrements, des courriers etc … Tout cela
douze heures par jour pour une rétribution de vingt-cinq francs par
mois. Elle fournissait elle même ses plumes et crayons. Elle aussi
ne pouvait trouver de prétendant au marriage avec de si modestes
revenus et étant dépourvue de dot.
Et c'est à ces
deux personnes que Oscar PIFTEAU vint se présenter au premier jour
de son emploi après quatre-vingt kilomètres en vélo. On lui remit
un petit livre bleu, le Règlement, qu'il devait connaître par cœur
et on lui fit prêter serment. On l'envoya chez le tailleur pour lui
faire prendre ses mesures. Son uniforme sera confectionné à Paris,
il le recevra au mieux dans six mois. Il fit aussi la connaissance de
deux de ses collègues à leurs retours de tournée, BERU et CASCARET
qui lui indiquèrent une chambre à louer chez la veuve d'un ancien
facteur ainsi qu'un modeste cabaret où il pourrait prendre ses
petits déjeuners et ses repas du soir.
CHAPITRE 3 –
Le facteur est, certainement le plus répandu de tous les individus
investis d'une fonction publique ou privée. Sauf de très rares
exceptions , il est estimé de tous,car en général il est bon
enfant et il plaisante facilement avec tous. Il est le trait d'union
qui, en colportant la pensée de l'un vers l'autre, rapproche ceux
qui sont séparés, rend l'absence moins pénible. Il est dans tous
les secrets mais il ne les trahira pas ? Car il a prêté
serment et cette formalité, qui a fixé sa conscience
professionnelle, lui a rendu sa mission sacrée. Aussi il a sa place
à toutes les tables, au cahteaucomme à la chaumière, au presbytère
comme à l'école.
CHAPITRE 4 –
Le 1er Avril 190... à six heures du matin , Oscar PIFTEAU entrait
officiellement en fonction. Il avait à desservir une partie de la
commune de Clairval et la totalité de la commune de Chervaise ce qui
représentait un total de cinquante-cinq kilomètres. Son traitement
s'élevait à neuf cents francs par an, la première mensualité
était retenue pour la retraite et ensuite la retenue serait de cinq
pour cent.
Cela lui
laissait exactement soixante et onze francs et vingt-cinq centimes et
cela suffisait à peine à payer sa chambre et sa pension. Il
n'ignorait pas qu'il pouvait compter sur les étrennes et que pour
les repas de midi il serait invité chaque jour dans une maison
différente. Mlle Madeleine ne manqua pas de l'aider et de réparer
ses petites erreurs. Elle l'incita aussi à préparer le concours de
facteur-receveur, lui prêta des manuels à cet effet. Trois mois
après son uniforme se faisait toujours attendre et il lui semblait
avoir moins avoir peu de prestige auprès des habitants de sa tournée
dans ses vêtements usés. De plus du coté féminin, son succès
était loin de répondre à ce qu'il avait espéré, il ne voyait
point les jeunes filles se précipiter au devant de lui.
CHAPITRE 5 –
Un dimanche lors de sa tournée il assiste à une fête villageoise à
La Garonnière qui lui permet d’apprécier les jeunes femmes du
pays et d'en apprendre sur leurs espoirs patrimoniaux. Il bouscule un
ivrogne qui lui cherche querelle.
CHAPITRE 6 –
A cette époque facteurs ruraux distribuaient aussi le dimanche et
les bureaux fermaient ce jour là à midi. Ils avaient droit par
faveur à un jour de repos par mois, au delà de six mois
d'ancienneté, mais le 14 Juillet était férié. Ce jour là le
nouveau Directeur installé à Sévricourt chef lieu du département
invita pour la première fois tous les personnels hommes et femmes
quelque soit leur grade. Pour cela ils prirent le tramway à vapeur
puis le train. Au retour une avarie fit que Mlle Madeleine et Oscar
ratèrent la correspondance et furent obligés de marcher pendant
treize kilomètres pour rentrer. Ils cheminèrent ensemble et se
racontèrent leur journée quand à la nuit tombée en traversant la
forêt de Fayolle ils furent surpris par l'orage.
Oscar protégea
sa compagne entre ses bras puissants sous un arbre quand la foudre
frappa un arbre voisin provoquant l'évanouissement de la jeune
fille. Quand elle reprit ses esprit l'orage s'était définitivement
éloigné, mais l'étincelle était prête à jaillir entre deux
corps chargés de fluides qui s'attiraient, comme s'attirent deux
électricités de polarités contraires. Mais par la suite ils
perdirent l'occasion d'avouer que le même trouble s'était emparé
d'eux et que leurs subconscients chevauchaient côte à côte vers
l'inconnu.
CHAPITRE 7 –
Le trouble qui avait agité les sens et le cœur d'Oscar lui fit
pressentir des horizons insoupçonnés, il prit alors deux décisions.
La première fut d'orienter sa carrière vers l'emploi de
Facteur-Receveur et de préparer le concours avec l'aide de Mr BUREAU
l'instituteur. La seconde, puisqu'il avait le désir de fonder une
famille, il serait prudent de commencer par faire un nid pour la
loger. Il loua et aménagea une petite maison. Malheureusement les
frais occasionnés, les soins à donner à sa mère malade et
l'impossibilité de recouvrer rapidement une somme d'argent qu'on lui
doit le mettent devant la tentation de détourner trois cents francs
que le curé envoie à son évêque. Mais pris de remords et avec
l'aide bienveillante de Mlle Madeleine la situation est régularisée
dès le lendemain.
CHAPITRE 8 –
En septembre Oscar reçoit enfin son uniforme qu'il fit retoucher par
le tailleur et pour l'étrenner en beauté il décide de faire sa
tournée entièrement à pied afin que tout le monde puisse
l'admirer.
Comme la pluie
menace il prend son parapluie. Et il arriva ce qui devait arriver à
chaque ferme on lui offre à boire, ce qu'il ne peut refuser sans
vexer. Pour se reposer il s'arrêta à l'ombre d'un ormeau et se
laissa choir sur la mousse , au revers d'un talus. Il échappe ainsi
à la quête du Brigadier chargé de vérifier sa tournée. Une fois
remis il poursuit sa tournée et rencontre une jeune vachère sur la
quelle il a bien des vues sentimentales, voire maritales, mais en
s'approchant il s'aperçoit que celle-ci est déjà entreprise par un
concurrent. Le chien de la belle qui avait l'habitude de le voir en
civil et ne le reconnaissant pas en uniforme l'attaque et lui arrache
son parapluie. Un taureau le charge, Oscar s'enfuit, trébuche, se
vautre dans un fossé et s'évanouit. Le taureau vient sur lui et
déconcerté par sa position, le croyant mort se contente de passer
son mufle baveux sur son dos. Ayant reprit ses esprits à la nuit
tombée Oscar revient à Clairval à vingt-deux heures passées au
bureau pour apprendre qu'outre les alarmes que Mlle la Receveuse
avait eu à son égard, le défaut de rencontre avec le Brigadier au
cours de sa tournée, l'Inspecteur était passé et lui avait dressé
un procès verbal pour un retard de plus de quatre heures. Quelques
jours plus tard on lui fit savoir qu'il avait intérêt à demander
son changement de résidence pour éviter qu'il lui soit imposé sous
forme de sanction. Deux semaines après il fit ses adieux au bureau
pour rejoindre Chantegrolles. Les circonstances firent qu'il ne pu
exprimer sa sympathie et sa reconnaissance à Mlle Madeleine mais
leurs regards se rencontrèrent et jamais les yeux de la jeune fille
ne lui avaient paru aussi beaux et aussi expressifs.
CHAPITRE 9 –
Le bureau de Chantegrolles ne compte que trois employés, un receveur
Julien BENOIT, ancien adjudant entré dans les PTT au titre des
emplois réservés, et une Aide Marie BELLEVE femme d'un clerc de
notaire. La circonscription postale du bureau s'étendait sur une
contrée accidentée et pittoresque, impropre à cette époque à
l'usage d'une bicyclette. Retournant à Clairval pour récupérer son
mobilier, il rencontre Mlle Madeleine , lui fait aveu d'amour et lui
demande la promesse de sa main pour quand il aurait réussi au
concours de facteur-receveur avec beaucoup de précaution. Mais
celle-ci refuse en laissant entendre quelle n'est pas libre. Oscar
détourna la tête pour cacher deux larmes qui perlaient au coin de
ses paupières – un joli bureau... une femme aimée... un enfant
chéri … le rêve était trop beau ! Quelques jours plus tard
il apprend que Mlle Madeleine est affectée à la Direction à
Sévricourt, chef-lieu du département où elle a un très bon emploi
bien payé.
CHAPITRE 10 –
A près un hiver froid et rigoureux consacré à ses tâches et à
ses études Oscar apprit que Mlle Madeleine était devenue Mme
VILLONG, femme d'un commis-voyageur paresseux, noceur, renvoyé de
tous ses emplois, faisant même certains trafics. A l'occasion d'un
bain malencontreux dans le ruisseau il fait la connaissance de des
DRIGAIL père, mère et fils de Chênefort de qui il devint
rapidement un familier. A l'occasion d'un trop bon repas il évite de
fort peu la subtilisation d'une partie de son courrier.et à une
tentative de chantage. Il passe et réussit son examen de
facteur-receveur et est affecté au bureau de Bellerive où il est
bien logé, est avec fierté l'un des principaux fonctionnaires de la
commune et tous les habitants lui témoignent une considération à
laquelle il est sensible.
CHAPITRE 11 –
Quatre années se sont écoulées depuis que Oscar est à Bellerive,
il ne souhaite qu'y rester jusqu'à la retraite. Il est maintenant
aux portes de la quarantaine ; les premiers fils d'argent
apparaissent à ses tempes et quelques plis commencent à se dessiner
sur son visage . Depuis sa mésaventure de Clairval son cœur
n'a éprouvé aucun élan malgré les avances qui lui ont été
faites.
Mr BENOIT a été
nommé dans un bureau plus important, les VILLONG ont quitté le pays
pour une grosse situation à Paris. Mlle JUVENAL a été mise à la
retraite, elle s'est fixée sur l'île de Ré. Le père et la mère
PIFTEAU sont décédés et Oscar a mis en location leur petite
maison. Pouvant disposer de deux semaines de congés et n'ayant
jamais vu la mer il décide de les passer à La Rochelle.
CHAPITRE 12 –
Dans l'express de nuit de Paris à La Rochelle Oscar avait réussit à
trouver une place entre un vieux monsieur barbu et décoré et une
dame enveloppée d'un manteau dont il ne put voir le visage et qui
s'endormit sur son épaule. Inspiré par une groupe quatre jeunes
filles du téléphone montées en gare de Sévricourt il décide de
se rendre en leur compagnie à La Pallice afin de prendre le
« Nénuphar » élégant petit bateau qui assure le
service de l'île de Ré, il aide alors la dame au manteau gris
coiffée d'un grand chapeau de paille garni d'une voilette lui
masquant le visage et encombrée de bagages. En discutant avec un
homme du pays il apprend que Mlle JUVENAL habite La Flotte et que,
sur une barque amarrée mise à sa disposition par un vieux marin qui
ne va plus guère à la pêche, elle rime des poésies aux flots, aux
marins et, peut être , à quelques réminiscences de sa jeunesse.
Sur le chemin
il rencontre … Madame Madeleine, qui en fait est divorcée depuis
peu, qui était la dame en gris, et qui vient dans l'île pour
se reposer après la tempête auprès de Mlle Juvénal qui n'était
pas à la gare comme prévu. Oscar et Madeleine se font à nouveau
confidences et sermon d'amour. S'apercevant qu'elle pleurait, il
essuya ses larmes, et effaça avec ses lèvres, les sillons qu'elles
avaient laissé sur ses joues. C'est à ce moment qu'arriva Mlle
Juvénal conduisant une mauvaise carriole attelée de sa jument grise
Cocotte. Ils se serrèrent tous sur la banquette étroite et les emmena
tous chez elle.
-=-=-=-
Auguste
COYNAULT – sa vie , son oeuvre.
Je n'ai rien
trouvé sur la vie de l'auteur si ce n'est qu'il fut peut-être :
- élu Président de la section des « Jeunesses Laïques » de Niort (Journal le Rappel du 17/02/1913)
- trésorier de section de la société Union et fraternité des postes, des télégraphes et téléphones en 1914 (Journal officiel du 06/08/1914)
- président de section de la société de secours mutuels l'Amicale des postes, télégraphes et téléphones (Journal officiel du 31/01/1929)
Je n'ai pu
retrouver ces deux dernières sources citées cependant par le site Généanet .
Il y a une rue
à son nom à Vançais (79).
Quelques ouvrages à caractère historique et local sur des monuments ou lieux
des Deux-Sèvres et de la Vienne ont été édités jusque dans les
années 1950.
.
« Oscar
Pifteau » a obtenu le prix Furtado de l'Académie Française
d'une valeur de 500F (soit 50 fois le coût de l'affranchissement
d'une lettre du 1er échelon dans le tarif intérieur ...) en 1948.
-=-=-=-
"BIBLIOTHEQUE IDEALE DE L'HISTOIRE POSTALE DE FRANCE" :
EVALUATION:
0 - INUTILE pour qui veut étudier l'histoire postale, y compris la poste rurale
EVALUATION:
0 - INUTILE pour qui veut étudier l'histoire postale, y compris la poste rurale
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