dimanche 11 janvier 2009

(02) - CENSURE CARCERALE

Les amateurs d'histoire postale étudiant les périodes des guerres modernes ont l'habitude de croiser les courriers censurés par les différents protagonistes et leurs alliés. Le but de cette pratique est d'ouvrir et de lire les courriers succeptibles de contenir des informations dangereuses, de lutter contre l'espionage fut il miltaire ou économique. A cet effet des lois sont votées ou même tout simplement des décrets sont pris, des bureaux spéciaux sont créés, occupant des militaires ou des civils engagés ou réquisitionnés. Les courriers sont ouverts, lus et s'ils sont jugés innocents , réintroduits dans le circuit postal après re-fermeture de l'enveloppe. A certaines époques il est arrivé que les textes soient "caviardés", c'est à dire rendus illisibles. On leur faisait aussi parfois subir des traitements chimiques afin de détecter les encres invisibles.
On peut en voir quelques exemples ci-dessous.

- Marque de censure anglaise sur une carte postale envoyée en 1919 de St Pierre de Vouvray pour Marseille par un militaire français détaché auprès de l'armée anglaise, il semble bénéficier de la franchise militaire (marque manuscrite OHS "On His majesty Service en haut à droite).
- Marque de censure américaine sur carte postale envoyée en 1918 de Haiti pour les USA par un marin membre du corps d'occupation de Haiti (de 1914 à 1934).



Marques et bandes de censure française (papier rose) puis américaine (ruban adhésif) envoyée en 1945 de Paris à New-York City.
Ce genre de courrier est relativement fréquent selon les pays et les périodes concernées.

Par contre en temps de paix dans un pays démocratique, la censure du courrier est rarrissime. C'est en tous cas ce que je pensais en ce qui concerne la France, jusqu'à ce que je trouve les deux enveloppes ci dessous. Elles étaient enfouies dans une archive dont la majorité se composait de courriers de la Réunion affranchis avec des timbres surchargés en Francs CFA, et d'autres courriers plus anodins. Ce n'est qu'en l'étudiant plus attentivement que je suis tombé sur les deux enveloppes ci-dessous. Pour moi c'était une véritable découverte. Après avoir communiqué avec un ami plus érudit, le caractère relativement exceptionnel de ces enveloppes fut confirmé.




Il s'agit de deux enveloppes de 1965 et 1966 destinés à des occupants de la maison d'arrêt de Fontainebleau. Le courrier a probablement été ouvert par l'administration pénitentiaire et remis ainsi aux destinataires. La seconde marque précise aussi que les détenus n'avaient pas le droit de recevoir d'argent ou de timbres, on suppose donc sous pli cacheté.
Je serai curieux de savoir si d'autres marques provenant d'autres prisons sont connus après la seconde guerre. Etaient elles liées à la guerre d'Algérie et à ses suites ?

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